Invitée à exposer dans les espaces de l’abbaye de Montivilliers, où vécurent il y a longtemps femmes, sœurs et abbesses, la sculptrice a choisi de présenter des œuvres réunissant portraits de femmes et de bêtes, en résonance avec l’esprit des lieux.
Les Dames de l’Abbaye, pendant mille ans, ont œuvré pour leur ville, « la Cité des abbesses ».
L’installation La table des Dames, à laquelle l’artiste travaille depuis plusieurs années, conjointement au Chœur de bêtes, donne son nom à l’exposition dans l’Abbaye. Ces deux scènes sculptées,
présentées pour la première fois à Montivilliers, entremêlent portraits sculptés, fantasmes, contes et légendes.
Dans les espaces restaurés de l’Abbaye, l’exposition permet d’explorer les quinze dernières années du parcours si singulier de cette artiste nomade.

« Ces dernières années, les résidences ont alterné avec de longs séjours à l’atelier. Dans cette pratique plus solitaire se sont développés le bestiaire et la galerie de créatures hybrides, mi-humaines
mi-animales, qui peuplent aujourd’hui sculptures et installations. Il existe une utopie dans le geste artistique, la croyance qu’une représentation de la vie peut nous la faire mieux sentir, mieux goûter, mieux entendre.
Inusable croyance.
Que l’art et la poésie peuvent rendre au monde un sens caché, oublié. Qu’ils peuvent donner forme à nos sensorialités animales et mémoires archaïques. Faire acte de résistance. Augmenter notre humanité du côté de l’esprit, de la vigilance, de la survie.
Du côté d’une intelligence polymorphe, métissée d’instinct et de connaissances, de mémoires et de rêves. Et de gratitude envers la terre, les bêtes et les femmes, pourvoyeuses de vie.
Pourquoi pas ? »
Cécile Raynal